Bart De Wever avant le marathon d'Anvers: "Plus stressé sur marathon qu’au 16 rue de la Loi"
Bart De Wever s’est confié à Belgium Running avant de courir le marathon d’Anvers pour la deuxième fois ce dimanche
- Publié le 17-04-2018 à 15h04
- Mis à jour le 17-04-2018 à 15h12
Bart De Wever s’est confié à Belgium Running avant de courir le marathon d’Anvers pour la deuxième fois ce dimanche "Rendez-vous à la Groenplaats d’Anvers ce dimanche. BÀV, Bart De Wever."
Nous sommes même à l’avance au point de rendez-vous. Les quelques Anversois qui participent aux entraînements d’Antwerpen Loopt s’échauffent déjà sous le soleil belge qui darde sur la capitale flamande.
Bart De Wever débarque au dernier moment, serre quelques mains sous les "Hé burgemeester, alles in orde ?" Il répond avec le sourire de celui qui est impatient d’en découdre. Non pas avec l’un de ses derniers entraînements, mais avec les 42 bornes qui l’attendent ce dimanche au départ de Linkeroever.
L’année passée, il avait démarré à nos côtés avant que nos chemins ne se séparent. Ici, Belgium Running a pu accompagner l’homme le plus populaire du Nord du pays durant ses 65 minutes d’entraînement sur le Meir et autour du Stadspark.
"On fait l’interview en courant ?" Pas de souci pour Bart De Wever. Le souffle est aussi assuré que la foulée. "Je suis du genre régulier. J’ai cette capacité à bien courir en rythme", sourit-il.
Peut-on vous demander si vous avez un objectif en termes de chronomètre pour votre deuxième marathon d’Anvers ?
"Je veux passer sous la barre des quatre heures. C’est mon seul objectif. Je signe directement pour 3 h 59’ 59." (rires)
C’est jouable ?
"J’ai bien suivi mon programme d’entraînement et dimanche dernier (NdlR : lisez "il y a dix jours") , j’ai couru 33,5 kilomètres en 3 h 05’. Si je maintiens mon rythme, je dois faire un peu plus de 8 kilomètres en 55 minutes. Ça me laisse même de la marge. Et j’étais bien après cet entraînement."
Chaque fois qu’on parle de vous en tant que coureur, on se pose la même question : comment trouvez-vous le temps de vous entraîner pour un marathon ?
"Je ne trouve pas ça si incroyable. C’est une question de volonté et de discipline avant toute chose. L’avantage de la course à pied est que je n’ai pas d’horaires fixes pour la pratique de mon sport. Dès que j’ai une heure libre, je file."
Vous avez toujours votre équipement dans votre coffre ?
"J’ai carrément des paires de runnings sur mes différents lieux de travail : une paire à la commune d’Anvers, une à Bruxelles et une au Parlement. Nous avons des infrastructures avec des tapis de course, ce qui me permet de courir sans même quitter le bâtiment. J’ai également installé un tapis de course chez moi."
À quelle heure allez-vous courir ?
"Quand j’ai le temps. Que ce soit à 6 heures ou à 22 heures, je trouve un moment. J’adore courir sur le temps de midi alors que les autres mangent un bout. Je fais mes sorties longues le dimanche matin. Je conduis mes enfants chez les scouts, je pars courir deux heures ou plus et les reprends. Enfin, ça, c’est quand je ne dois pas passer sur les plateaux télé."
Pouvez-vous courir seul en rue ?
"Oui, ce n’est pas un souci (NdlR : il est toutefois accompagné par un membre de sa sécurité sur les gros événements) . Je n’ai jamais eu de problème en rue. J’ai déjà été hué, par exemple, mais voilà, c’est comme ça. J’ai l’habitude."
On voit tout au long du parcours que les gens vous encouragent et vous souhaitent bonne chance pour le marathon…
"Clairement, j’ai plus de réactions positives que de négatives. Parfois, des gens me courent après juste pour me demander un truc ou me raconter une histoire."
Quand avez-vous décidé de courir l’édition 2017 du marathon d’Anvers ?
"Après avoir fait les 10 Miles pour la troisième fois, je me suis dit qu’aller chercher un meilleur chrono qu’1 h 26 allait nécessiter beaucoup d’efforts pour une petite récompense. La motivation n’était pas assez forte. Mon médecin m’a dit que j’étais capable de finir un marathon. Je n’y croyais pas mais je me suis inscrit. Et quand je m’engage, je suis obligé de le faire."
Comment vous êtes-vous entraîné ?
"Je voulais être certain de bien faire les choses et je me suis fait accompagner. J’allais chez le médecin toutes les deux semaines. Il m’a fait passer un test à l’effort avec prise de sang, ce qui lui a permis de savoir où se situait ma limite physiologique. Il m’a dit que j’avais le corps pour courir en 4 h 25."
Cela vous convenait ?
"Je me suis dit qu’y parvenir serait un miracle. Deux semaines avant le départ, je n’y croyais pas."
Je me souviens vous avoir vu sur la ligne de départ et vous n’en meniez pas large…
"Honnêtement, j’étais extrêmement nerveux. Plus que le jour des élections. Et même plus que quand je négocie au 16 rue de la Loi."
Racontez-nous votre marathon…
"J’ai démarré doucement jusqu’au vingtième. Un gars m’a dit que nous étions sur les bases d’un chrono de 4 h 28. J’étais bien et j’ai accéléré. J’ai bien tenu jusqu’au trentième car je passais juste devant ma maison et toute ma famille était là. Je suis ensuite entré dans le Rivierenhof, mon terrain d’entraînement, et là j’ai eu un coup de barre. Les muscles ont commencé à faire mal."
Vous avez douté ?
"Plus après avoir passé le kilomètre 25. Avant cela, je me posais pas mal de questions. Après, j’étais certain d’aller au bout. J’ai rattrapé le pacer de 4 h 15 mais il y en avait encore un devant. Je suis parvenu à le reprendre puis à sprinter pour terminer en 4 h 13."
Confirmez-vous qu’il est impossible de décrire le sentiment du marathonien qui passe la ligne d’arrivée pour la première fois ?
"C’était incroyable. Ma famille était là, les gens mettaient une grosse ambiance."
Vous avez reçu des messages de félicitations de vos confrères politiciens ?
"Pas vraiment, non."
Est-ce commun, un bourgmestre qui court le marathon de sa ville ?
"Figurez-vous que j’ai cherché partout. J’ai même mis une connaissance qui parle chinois sur le coup pour trouver un de mes homologues, mais je n’ai rien trouvé. Je suis donc peut-être le seul à courir le marathon de sa ville."
Pouvez-vous aller encore plus vite ?
"Il y a encore une marge de progression mais j’ai le gros désavantage d’être assez costaud et donc lourd. Sur un marathon, le poids change tout."
“Pas d’ultra pour moi”
Bart De Wever ne s’est pas encore fixé de prochains objectifs. À terme, il ne sera plus capable d’aller chercher un résultat plus probant sur marathon. “Mais je ne m’imagine pas passer à de l’ultra ou du trail car cela demande des entraînements plus longs et je n’ai pas le temps pour ça. On verra après ma carrière.”
Il pourrait, par contre, tenter de faire un marathon à l’étranger. “New York, c’est légendaire. Boston me tente peut-être encore plus. Et on m’a dit du bien de Stockholm. Mais je me vois mal faire passer un autre marathon avant celui d’Anvers.”
“Le monde s’est mis à courir, la Belgique aussi”
Bart De Wever veut développer le sport dans sa ville. Il ne cache pas vouloir faire d’Anvers “la capitale sportive du pays”. Et ça passe par le running.
“Nous avons interrogé 1.500 Anversois sur leurs habitudes sportives et nous avons vu que la course à pied avait un succès grandissant.”
Le bourgmestre et son équipe ont donc pu anticiper ce qu’ils appellent “la révolution du running”. Ils ont donc mis en place différents systèmes pour faciliter la pratique du sport de leurs concitoyens.
“Nous avons investi dans des pistes finlandaises en ville. Nous avons développé des circuits urbains qu’on peut trouver sur Internet. Des fontaines d’eau ont également été installées pour que les coureurs puissent boire.”
Un investissement qui plaît à tout le monde (“c’est nettement moins cher que faire venir le Tour des Flandres à Anvers”) et qui s’inscrit dans un mouvement mondial. “La planète s’est mise à courir depuis quelques années. C’est la preuve d’un changement de mentalité. Je pense que la Belgique s’est inscrite dans ce mouvement.”